[Histoire] Chapitre 3 : Miséricorde
Chapitre 3 : Miséricorde
10 Novembre, 107 après B-R
Je
me réveille en sursaut, toujours ce même rêve. Moi petit garçon avec
une serviette-capuche requin sur la plage. Je me baladais
tranquillement quand tout d'un coup une baleine saute de la mer et ma
serviette-capuche s'envole puis se transforme en un requin retombant
ensuite sur le sol, le tout avec la grâce d'un cygne. Le soleil
disparaît alors et une nuit sanglante fait surface. C'est là que je me
réveille, moi, Phillipe Granduc, soldat de l'A.O...
Coup d'oeil
à mon réveil : 9 heures. Je laissai s'échapper un « Merde » de mes
lèvres et m'empressai d'enfiler mon uniforme. Avant de quitter ma
piaule, je tendis un regard à ma salle de bains - tant pis, je n'avais
plus de temps à perdre. Je claqua alors la porte derrière moi et me
déhanchai dans un maigre couloirs emmenant jusqu'à la cafétéria.
Arrivé, je pris un plateau repas et m'installa. La salle était grande
et très lumineuse. De larges fenêtres vitrées laisser s'échapper une
lumière abondante et des veilleuse en forme de coquillages ou de
poupées étaient accroché au plafond. Sur les murs, arboraient des
plantes rampantes qui fleurissaient à vue de nez. L'incroyable tout
mélangeait ce spectacle à des odeurs de bouffes chaudes et à des bruits
de grincements permanents dûent aux fourchettes. Cela alourdissait
l'air et la rendait plus humide, plus comprimante. Mais c'est dans ce
rude milieu et ce brouhaha que se regroupent tous les Soldats pour
déjeuner.
10 Heures
Dehors dans le jardin, je ne
pensais qu'à une chose : fumer. Je pris alors une camel puis me
l'alluma. Le simple fait de retrouver le paquet cartonnée entre mes
mains me soulageait quelque peu de la fête qui avait lieu aujourd'hui
en mon honneur - je venais de passer officier au sein de l'armée. Je
retournai alors le paquet et je vis le message « Fumer tue. ». Il n'y
avait pas messages plus explicite et moins performant. Le gouvernement
avait certes instauré une campagne importante contre le tabac en l'an
87 mais les gens continuait à fumer malgré les prix exorbitants du
marché. Seuls quelques-uns étaient passés aux cigarettes électroniques dont le slogan pitoyable était "cig-élec', ça t'éléctrise !".
Désormais, ils ne pouvaient plus rien faire. Ils en avaient trop fait
et ils ont tous foiré.
Nouveau coup d'oeil à ma montre : 10 Heures
14. Je partis à ma chambre afin de me brosser les dents. Mon
dentifrice, goût pastèque-melon me redonna la pêche et la banane. Je
parti alors d'une marche assuré et maitrisé jusqu'à la caserne. Là-bas,
John m'attendait. Dès qu'il me remarqua, il avança vers moi :
« Hey, t'es prêt ?
Je
ne voyais pas de quoi il parlait. John était plus âgé que moi et
travaillait depuis bien plus longtemps que moi. Il était petit, trapu,
poilu et courbu. Quand on le voyait, on pouvait y voir la silhouette
d'un gnome. Mais malgré son apparence, je le prenais un peu pour mon
coach, coquin mais sérieux juste comme il le fallait avec la bonne
onctuosité. Je lui répondis alors après un silence.
- Pourquoi ?
- Bordel, Phillipe ! Ne me dis pas que tu as encore oublié. C'est ta fête aujourd'hui !
- Ah oui, c'est vrai. Merde, qu'est-ce qu'on attend pour y aller.
- Toi. » Lança t-il.
Tout
en le suivant je ne pouvais penser qu'à son ton sarcastique lors de sa
dernière réponse. ça, c'était ce que je détestait chez John... Mais
chacun à ses défauts...
10 Heures 32
Tout juste à
l'heure ou pour être plus précis, 2 min de retard. La cérémonie n'avait
toujours pas commencer et j'attendais avec impatience pour pouvoir me
barrer plus vite et rentrer chez moi. Enfin, on me fit monter sur scène
avec d'autres soldats promus. C'est alors que je vis, au sol, une
serviette-capuche requin comme celle de mon enfance. Je ne pu m'empêcher d'angoisser. Je suais tellement que ça en devenait immonde et tout le monde me remarqua. Je devais faire quelque chose mais la panique pris le contrôle de mon corps, je
sorti mon Berretta 12-X et tira plusieurs rafales en criant d'un ton
rauque.
Suite à ça, la serviette ne bougeai plus. Elle ne bougeait
déjà plus avant cela mais j'étais sûr qu'elle n'allait pas se
transformer en requin gracieux. John me pris par l'épaule et approcha
sa tête à coté de la mienne. Son front ridé, ses joues joufflues et sa
bouche crispé me débectait. il me souffla alors « ça va pas, mon gars ?
». Une équipe médicale accourut alors vers moi et ils m'emmenèrent
lentement à l'hôpital le plus proche.
Durant le chemin je ne pouvais m'empêcher de crier « Prenez garde ! Les choses ne sont pas ce qu'elles sont ! ». J'étais en train de sombrer dans la
folie et je ne pouvais rien y faire...